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Deklarasyon Anbasadè Etazini an ann Ayiti Sou Kriz Politik la - 2003-11-05


TEXTE OFFICIEL

Ambassade des Etats-Unis d’Amérique Bureau des Affaires Publiques 14, Avenue Marie-Jeanne Port-au-Prince, Haiti Tél: 222-1504 / 222-5726 Fax: 223-8324 Le 5 novembre 2003 No. 2003/ 25

DECLARATION DE L’AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS EN HAITI, M. JAMES B. FOLEY

 Bonjour. Permettez-moi de commencer par vous dire combien je suis reconnaissant au peuple Haitien pour l’accueil chaleureux que j’ai reçu depuis mon arrivée. En depit de tous les problèmes que connaît le pays, les Haitiens restent un grand peuple qui est fier de son histoire et de ses valeurs traditionelles. Ils sont d’une hospitalité vraiment magnifique.

 Je voudrais d’abord réaffirmer le constat que j’ai fait en arrivant en Haiti: que l’état actuel du pays est très préoccupant de tous les points de vue: pauvreté, insécurité, développement économique, infrastructure, environnement, santé, etc. Il est donc essentiel que le pays sorte de l’impasse politique pour que Haiti et les amis d’Haiti puissent travailler ensemble pour résoudre tous ces problèmes fondamentaux.

 C’est pourquoi j’ai fait un effort ces premières semaines pour encourager la formation du CEP en vue de créer un processus électoral libre et crédible, dans le cadre de la Résolution 822 de l’OEA. Mes activités diplomatiques ont porte a la fois sur le gouvernement et les partis politiques de l’opposition et la société civile.

 En ce qui concerne le gouvernement d’Haiti, nous avons dit que nous sommes prêts à avoir de meilleures relations – voire de relations normales. Nos relations n’ont franchement pas été bonnes ces dernières années, à cause des élections défectueuses de l’année 2000. Mais nous croyons qu’il serait dans l’intérêt de tous de se tourner vers l’avenir. Nous proposons donc l’idée d’avoir de bonnes relations en passant par la bonne gouvernance et la tenue de bonnes élections: des élections législatives et des élections présidentielles pour choisir le successeur du Président Aristide.

 Nous constatons en effet qu’il ne reste pas beaucoup de temps dans le mandat de l’actuel président – seulement deux ans environ. Il est donc urgent a notre sens d’accomplir des progrès pour le peuple d’Haiti et ainsi de réaliser un héritage digne du personnage historique élu en 1990. Nous sommes prêts à coopérer dans ce sens.

 Cependant, on ne peut pas réaliser cette belle perspective si le gouvernement organise des élections unilatérales sous l’actuel CEP, quelque chose qui n’aurait pas de légitimité aux yeux de la communauté internationale. Il y a un déficit démocratique qui existe en Haiti depuis 2000. Ce qu’il faudrait faire, a notre sens, c’est de combler le déficit démocratique par la bonne gouvernance et la tenue de bonnes élections.

 En ce qui concerne l’opposition et la société civile, nous avons dit exactement la même chose: il faut passer par des élections – par de bonnes élections. Nous comprenons les frustrations nées en 2000; nous comprenons la méfiance et la peur qui existent de part et d’autre. Mais nous disons clairement que la seule voie pour le changement en démocratie est la voie électorale. Les Etats-Unis sont contre la violence, contre les coups d’états, contre tout changement politique qui n’est pas pacifique.

 Je dois avouer qu’il n’est pas facile de convaincre des gens d’aller aux élections dans les conditions actuelles – ou des gangs sèment la terreur dans les rues et même jusque dans l’enceinte sacrée d’une église. Comment en effet convaincre des partis politiques d’aller aux élections quand le droit de rassembler n’est pas respecte en ce moment?

 Cependant, je suis content du fait que des responsables politiques commencent a envisager la possibilité d’aller aux élections si les conditions sont bonnes. Ils commencement notamment à apprécier l’idee centrale de l’Ambassadeur Todman: qu’il faut dans un premier temps former le CEP, et ensuite le protéger pour qu’il ne subisse pas le sort du CEP de l’an 2000. Car nous croyons qu’un CEP véritablement indépendant sera en mesure de déterminer et d’exiger des conditions nécessaires pour la tenue de bonnes élections – qu’un tel CEP pourrait lui-même commencer a combler le déficit démocratique dont j’ai parle.

 Je crois aussi qu’ils commencent à apprécier le fait que l’Administration Bush est très sérieux; qu’il ne s’agit pas pour nous de cautionner des élections qui seraient demi-crédibles ou demi-bonnes. Ce seront, après tout, les premières élections en Haiti durant le mandat de l’Administration Bush.

 C’est donc pour toutes ces raisons que je suis optimiste quant aux possibilités de sortir de l’impasse politique en Haiti. Notre slogan c’est: “Bonnes élections – oui! Mauvaises élections – non!” C’est a dire que les Etats-Unis s’opposent en même temps aux coups d’états et aux mauvaises élections; on n’a pas a choisir entre ces deux options. Nous disons oui aux élections, mais seulement sous de bonnes conditions.

 Ou en sommes nous donc en ce qui concerne notre initiative?

 Comme je viens d’indiquer, nous avons fait de progrès réels en ce qui concerne une acceptation de principe. Malheureusement, nous butons toujours sur le point de démarrage. D’ailleurs, la situation sécuritaire dans le pays a connu une forte dégradation ces dernières semaines, ce qui rend notre tache de trouver un consensus politique plus difficile. Ce qui se passe notamment aux Gonaives est a regretter de tous les points de vue; nous condamnons a la fois la violence contre les institutions et agents de l’Etat aussi bien que la répression aveugle qui n’a coûte la vie qu’a des civils et des gens innocents. Je me souscrit donc a la déclaration faite le 31 octobre par le chef de la Mission Spéciale de l’OEA, l’Ambassadeur David Lee. Et laissez-moi vous assurer que la communauté internationale restera sur le terrain pour témoigner sa solidarité avec la démocratie en Haiti et le droit des Haitiens de manifester leurs opinions politiques pacifiquement.

 Mais en revenant à notre initiative, je dois vous dire qu’on a du mal a proner la solution électorale quand les gens ne peuvent pas manifester pacifiquement dans les rues de Port-au-Prince, Cap Haitien ou ailleurs. On a du mal a envisager un futur climat de sécurité quand un tel climat n’existe pas aujourd’hui.

 C’est pourquoi nous croyons que pour débloquer la situation et former le CEP, la première responsabilité est celle du gouvernement et des institutions de l’Etat. Depuis mon arrive en Haiti, je dois malheureusement constater que le gouvernement n’a pas assume cette responsabilité et que le climat politique et sécuritaire s’est dégradé. Nous croyons donc qu’il incombe au gouvernement de changer cette situation en faisant des pas ou des mesures nécessaires pour donner confiance. Pour nous aussi, la communauté internationale, nous voulons investir dans de bonnes élections. Nous devons donc savoir qu’il y a une volonté réelle de créer des conditions nécessaires pour aller vers de bonnes élections. Il faut créer la confiance que les forces de l’ordre vont bien protéger les droits civiques et politiques, et que les chimères ne vont pas empêcher les gens de se rassembler, de s’exprimer, et de faire campagne en toute liberté.

 Je ne suis pas là aujourd’hui pour préciser de quelles mesures il pourrait s’agir – soit dans le domaine sécuritaire ou dans le domaine politique. L’essentiel, ce sont des actes qui vont parler – des actes qui vont dans le sens d’un assainissement des institutions sécuritaires et politiques.

 Pour conclure, je dois dire que l’enjeu est énorme. Est-ce qu’on saura combler le déficit démocratique? Ou bien est-ce qu’on risquera de transformer le déficit démocratique en une crise même de la démocratie, avec des conséquences tout à fait imprévisibles? La réponse est capitale car il ne s’agit pas seulement de préparer le terrain pour aller aux élections; il s’agit de jeter les bases pour le développement économique du pays. Il s’agit de l’avenir même d’Haiti et de la capacité du peuple Haitien de prendre finalement en main son destin.

 Car il faut bien que les Haitiens prennent en main leur destin, et de ne plus attendre des solutions qui proviendraient de l’extérieur. Il y a tendance de tous les cotes ici de miser sur l’étranger – soit comme bouc émissaire ou bien comme sauveur. Or il n’y a pas d’embargo contre Haiti; il n’y a pas de salut politique ou économique en dehors d’Haiti non plus. Il relève de la responsabilité de tous les Haitiens de bonne volonte de chercher un terrain d’entente pour discuter des vrais problemes du pays. Car une bonne election seule ne resoudra pas ces problemes; en democratie il faut avoir le dialogue et la bonne gouvernance aussi.

 Je peux vous affirmer que les Etats-Unis veulent faire le maximum pour aider au redressement du pays. Notre aide bilatéral est déjà considérable. Depuis 1995 notre coopération s’élève a presque un milliard de dollars; en 2003 elle se chiffre a plus de 70 millions de dollars. Nous encourageons en même temps le réengagement des institutions financières internationales; et je tiens en ce sens a saluer la performance macroéconomique du gouvernement d’Haiti et le programme qu’il entreprend dans le cadre de ses relations avec le FMI.

 Il n’y a donc pas d’embargo, mais il y a effectivement des blocages internes qui empêchent le plein engagement de la communauté internationale. Nous avons appris en Haiti et partout dans le monde que la coopération telle qu’on l’a pratique pendant 50 ans n’a pas donne des résultats escomptes et a conduit à beaucoup de gaspillages. Nous comprenons aujourd’hui qu’il y a un lien entre développement et démocratie, entre développement et transparence, entre développement et la bonne gouvernance.

 Malheureusement, selon l’organisation Transparence Internationale, Haiti est classe 131 parmi 133 pays en ce qui concerne des indices de corruption. Mais ça ne veut pas dire que les choses ne peuvent pas changer. Bâtir un état de droit, pratiquer la bonne gouvernance, tenir de bonnes élections relèvent surtout de la volonté politique. Si cette volonté existe, je suis convaincu que notre partenariat n’aurait pas de limites, et que l’on pourra notamment mobiliser le secteur prive américain dans le redressement économique du pays. Vu l’étendue des problèmes en Haiti et surtout le niveau de pauvreté et des souffrances humaines, on n’a pas de temps à perdre.

 Je vous remercie de votre attention.

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